Abandonnée par la France  

Je m’appelle Salma. Je suis née en Algérie

Je m’appelle Salma. Je suis née en Algérie dans les années 1960 et je vis en France depuis mes 5 ans.  

J’ai eu la chance de grandir dans une France accueillante, où l’école, bien que stricte, m’a permis d’apprendre et de m’épanouir.  

J’habite à Toulouse, dans un quartier que j’ai vu évoluer au fil des ans : d’un quartier ouvrier et étudiant, il est devenu un lieu marqué par le communautarisme et des dynamiques mafieuses.  

Je vais vous raconter comment mon quotidien, autrefois empreint d’insouciance, s’est transformé en une vie dominée par la peur.  

Une enfance simple et heureuse

Petite, j’avais des amis comme Martine ou Colette. Nous partagions nos histoires, nos peines de cœur, nos rêves d’avenir. J’assistais aux anniversaires de mes camarades de classe, et je passais même des week-ends chez leurs parents.  

 

À cette époque, personne ne s’interrogeait sur mes habitudes alimentaires ou mes origines. J’étais une enfant, une adolescente comme les autres. Si certaines questions me déstabilisaient parfois, elles n’étaient jamais malveillantes.  

J’ai grandi en France, et même si je retourne souvent au Maghreb, je ne peux pas dire que c’est le socle de mon éducation. Avant tout, je me sens Française.  

Les premières ombres

Grâce à mes parents, qui tenaient à notre intégration, j’ai pu poursuivre des études supérieures (bac+3). Leur dévouement m’a offert la chance d’accéder à une véritable carrière. Mon père, fervent communiste, m’a également transmis un sens aigu de l’engagement politique. Je suis devenue militante, d’abord chez Lutte Ouvrière, puis au Parti Communiste et enfin chez les Socialistes.  

Dans les années 1980, ma vie était pleine de promesses : politique, amours, et projets d’avenir. J’ai rencontré mon mari, un Breton, et ensemble, nous avons eu trois enfants.  

C’est alors que les premières difficultés ont émergé. C’est à cette époque que j’ai entendu les premiers « ces gens-là… ». Paradoxalement, ce racisme ordinaire provenait souvent de personnes se réclamant de la gauche. Dans mon milieu professionnel, je n’étais pas exposée aux discours de la droite nationaliste. En revanche, dans les syndicats ou lors des réunions de parents d’élèves, je percevais un rejet insidieux.  

À 28 ans, j’ai subi ma première agression verbale raciste, lors d’une réunion de parents d’élèves. Une mère, avocate et socialiste, m’a assimilée aux assassins de son mari, victime d’un règlement de compte par des libanais.  

Une vie bouleversée par les changements

Mon mari et moi, fonctionnaires, avions acheté un appartement dans un quartier neuf, prometteur, avec des équipements modernes et des espaces verts. Nos enfants y sont nés et y ont grandi.  

Mais, peu à peu, ce quartier a changé. À l’école, les amis de mes enfants se résumaient à des Omar, Ilyes, et Djamel.

Les services sociaux et les associations locales ont été remplacés par des structures communautaires, parfois dirigées par des personnes peu qualifiées.

Les commerces, les voisins, et les repères « français » ont progressivement disparu.  

Dans les années 2000, j’ai commencé à avoir peur.  

Pour mes filles d’abord, souvent victimes d’agressions ou de harcèlement.

Des jeunes, sans éducation ni respect, considèrent les femmes comme des objets.  

Pour mon fils aussi, soumis à la pression de l’argent facile et à des modèles de virilité toxique.  

Une société fracturée

Face à cela, la France offre deux visages :  

– Une droite qui voit en nous des envahisseurs.  

– Une gauche qui ferme les yeux sur les violences faites aux femmes, au nom de compromissions électorales.  

Divorcée depuis 1999, j’ai continué à vivre dans ce quartier.

En 2008, j’ai commencé à porter le foulard, non par conviction religieuse, mais pour qu’on me laisse en paix.

Mes filles portent le voile aussi, pour éviter d’être agressées.  

Mon fils a quitté le quartier, mais il affronte chaque jour un racisme ordinaire ailleurs.

Quant à moi, je reste dans cet appartement, dont la valeur a tellement chuté que le vendre serait une perte.  

Une société en déroute

Les structures associatives, comme la Croix-Rouge ou le Secours catholique, ont déserté le quartier. Elles ont été remplacées par des organisations communautaires dominées par des idéologies oppressantes la Oummah.  

La gauche se compromet avec des groupes qui asservissent les femmes. La droite, elle, nous réduit à des stéréotypes.  

Je vois autour de moi une société où les imams et les voyous se partagent le pouvoir, imposant la peur et l’humiliation. Les femmes y sont réduites à l’état de marchandise, d’outil ou de monnaie d’échange.  

Une France absente  

La France que j’aimais m’a abandonnée. Les Français ferment les yeux.  

Je ne peux plus partir. Je ne peux qu’observer, impuissante, ce qu’est devenue ma vie et celle des miens.  

Merci à mon ami anarchiste de me permettre d’exprimer mon ressentit.

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