Contexte historique et philosophique
La presse apparaît au XVIIᵉ siècle, sous un contrôle strict du pouvoir en place. Elle est, dès ses débuts, un outil façonné pour servir les intérêts de l’ordre établi, et non pour s’en affranchir.
Après la Révolution de 1789, un souffle de liberté semble se dessiner pour la presse. Mais ne nous y trompons pas : il s’agit alors d’une presse bourgeoise et élitiste. Certes, elle offre une tribune aux révolutionnaires, mais toujours sous le joug de la révolution elle-même. Malheur à quiconque aurait osé critiquer cette révolution, car même l’insurrection d’hier devient le dogme à préserver d’aujourd’hui.
Au fil des époques, la presse a permis d’exprimer les courants de pensée dominants, mais toujours dans les limites des cadres imposés. La loi du 29 juillet 1881, souvent célébrée comme un pilier de la liberté de la presse, pose en réalité les bases d’une ambiguïté fondamentale : elle structure une liberté qui se veut universelle, mais ouvre aussi la voie à l’appropriation de cet outil par les puissants.
La presse devient alors « libre » de dire ce qu’elle veut, mais aussi libre d’être achetée, corrompue et instrumentalisée. Une arme à double tranchant, capable de servir l’émancipation ou d’asservir les esprits au profit des intérêts dominants.
Enjeux actuels
Lorsqu’on parle de la presse, on oublie souvent de parler du média lui-même. Aujourd’hui, les médias sont devenus de véritables instruments de propagande, non seulement au service des États, mais surtout des grandes entreprises qui les possèdent. Ces sociétés, quasi omniprésentes dans le jeu politique, manipulent l’information pour protéger leurs intérêts et asseoir leur domination.
Il est risible d’entendre parler de « presse de gauche » ou de « presse de droite », lorsque ces journaux appartiennent à des fonds capitalistes qui partagent une obsession commune : satisfaire leurs actionnaires.
Leur unique objectif ?
Accumuler toujours plus de profits, même si cela implique d’écraser les droits, la dignité et les besoins des populations.
Certains médias tentent de se démarquer en étant gérés par des associations de lecteurs ou de journalistes, mais même dans ces structures, les scandales de corruption ne sont pas absents.
Pour la majorité des médias, il ne s’agit pas de vous informer, mais de faire fructifier les actions des entreprises parentes, des amis et des complices.
Leur but est de formater le consommateur que vous êtes, de vous persuader que vous n’êtes pas capable de comprendre les subtilités du monde qui vous entoure.
À coups de télé-réalité, on vous convainc de votre propre stupidité, et à coups de journaux en continu, on vous enseigne à admirer la « subtilité » des capitalistes et de leurs porte-paroles, jusqu’à ce que vous ne puissiez plus penser par vous-même.
Les pages de publicité, les émissions ineptes destinées à séduire tantôt la droite (comme TPMP), tantôt la gauche (comme Quotidien), ne visent qu’à une chose : vous distraire de ce qui importe vraiment.
Et que dire des émissions d’information en continu, où les chefs d’entreprise viennent sans vergogne dicter la politique qu’ils souhaitent voir adopter ?
Ces mêmes émissions où des influenceurs déguisés en journalistes ou chroniqueurs régurgitent des opinions qui ne sont que le reflet de ceux qui les paient.
Ne vous méprenez pas : l’objectif de ces médias n’est pas de vous éclairer, mais de vous maintenir dans l’ignorance, au service d’un système qui prospère sur votre docilité.
Qui contrôle les canaux d’information ?
Nous n’allons pas vous refaire l’organigramme des divers canaux d’information. Les images jointes à cet article illustrent déjà le travail réalisé à ce sujet. Gardez toutefois à l’esprit que ces structures évoluent constamment, au gré des rachats, des fusions et des jeux de chaises musicales orchestrés par les puissants.
Nous préférons nous attarder sur l’essence même de ces entités capitalistes. L’information, aujourd’hui, est financée en partie par de l’argent public, mais cet argent est confié soit à l’État, sans que les citoyens aient le moindre pouvoir sur les contenus, sur leur orientation ou sur les dérives possibles, soit directement à des capitalistes. Ces derniers n’ont qu’un seul objectif : orienter votre manière de consommer, de voter, et, in fine, de penser.
L’état des lieux et propositions alternatives
Critique de la concentration des pouvoirs
Les élites politiques et capitalistes ont usurpé la liberté d’expression, transformant un droit fondamental en outil de domination. Sous couvert de démocratie, cette prétendue « liberté » s’est muée en une arme pour oppresser et manipuler.
L’espace médiatique, autrefois espace de débats et de réflexion, a été réduit en une gigantesque machine à abrutir. Les émissions de divertissement, véritables instruments de dépolitisation, célèbrent la médiocrité : cht’i caricaturaux, anges déchus de la téléréalité, dîners « presque parfaits », et aventuriers artificiels des îles lointaines. Tout cela pour que l’on oublie, dans un rire forcé, les véritables enjeux de notre société.
Le grand spectacle de la consommation
Pendant ce temps, une pluie incessante de propagande consumériste inonde nos écrans. On nous vend des rêves en solde : préserver votre pouvoir d’achat, être assureur militant, ou encore mettre les gens avant l’argent.
Mais derrière ces slogans mensongers, se cache une seule vérité : tout est conçu pour servir les intérêts des puissants. Et face à cette mascarade, il ne nous reste qu’un sentiment de vide, un gouffre de désillusion.
Les chaînes d’information : propagandistes en costume-cravate
Ne vous y trompez pas, les chaînes d’information ne sont pas épargnées.
Elles jouent un rôle clé dans cette grande pièce de théâtre capitaliste. Chaque jour, des soi-disant experts défilent pour nous expliquer comment « mieux dépenser l’argent public », comment nous enfermer, comment nous forcer à adopter tel produit ou tel traitement.
Mais d’où viennent ces voix ?
À qui profitent leurs discours ?
Jamais ces questions ne sont posées. Leur expertise n’est que l’écho des intérêts de leurs maîtres : les capitalistes et les dominants.
Propositions alternatives : vers une révolution médiatique
Réappropriation des médias par le peuple
La solution ne réside pas dans l’interdiction. Se battre pour interdire, c’est s’épuiser dans un combat stérile et détourner son énergie de l’essentiel. L’urgence est d’agir concrètement pour reprendre le contrôle de nos espaces d’expression et d’information.
1. Réappropriation des médias par le peuple
La première mesure clé consiste à conditionner les subventions publiques : elles ne doivent être accordées qu’aux médias dont plus de la moitié des actionnaires (comité de rédaction) sont tirés au sort parmi la population. Ces citoyens-actionnaires auraient un véritable pouvoir, avec un droit de regard et d’action sur les grilles de diffusion et les choix éditoriaux. Plus de médias contrôlés par une poignée d’élites : place à une gestion collective et démocratique.
2. Transparence totale des experts
Il est temps de briser l’opacité. Les revenus des soi-disant experts, ainsi que leurs sources de financement, doivent être affichés systématiquement. Il est inadmissible que des figures publiques dictent leurs vérités sans que l’on sache qui les paie ni quels intérêts ils servent.
3. Liberté conditionnée par la transparence
Les médias privés, ne recevant aucune subvention publique, seraient libres de diffuser le contenu qu’ils souhaitent, à condition de respecter une règle essentielle : indiquer clairement d’où parle l’intervenant et qui le rémunère. La transparence est une arme contre la manipulation.
4. Création de médias auto-gérés par le peuple
Il est impératif de créer des organes médiatiques réellement indépendants. Cela signifie :
- Un canal TV, un canal radio et un canal de presse écrite auto-gérés par la population.
- Les décisions stratégiques seraient confiées à des citoyens tirés au sort, avec une possibilité de révocation des mandats pour éviter toute dérive.
- Les experts, lorsqu’ils sont nécessaires, seraient sélectionnés parmi une liste transparente d’experts potentiels, validée collectivement.
- Un bureau de gestion serait désigné par un processus de votation à dates fixes, garantissant la rotation des responsabilités.
Ces médias auraient pour missions principales :
- Préparer des référendums en exposant clairement les enjeux, avec une réelle confrontation des idées.
- Diffuser spectacles, films et émissions exemptés de toute publicité.
- Proposer une programmation libre, financée prioritairement par les subventions publiques.
5. Une démocratie définie par les citoyens, pas par un État corrompu
Toutes ces initiatives doivent être pensées, décidées et mises en œuvre par les citoyens eux-mêmes. Pas question de confier cette révolution médiatique à un État gangrené par les lobbys et les intérêts privés. La vraie démocratie ne peut être qu’autogérée, libérée des chaînes du capitalisme.
Pour aller plus loin
- Médias français : qui possède quoi ?
- Tableaux des titres de presse aidés
- Rechercher une aide, un financement - Audiovisuel
- La carte “Médias français, qui possède quoi ?” mise à jour
- Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse
- L’empire médiatique de Bernard Arnault
- « Paradise Papers » : Révélations sur le patrimoine offshore de Bernard Arnault