Depuis des mois, les chiens de garde médiatiques nous répètent en boucle le même refrain : Israël, démocratie assiégée, n’aurait d’autre choix que de se défendre face aux barbares du Hamas. Toujours la même rengaine. Toujours le même mensonge d’État.
Oui, le 7 octobre fut une horreur. Oui, des civils ont été massacrés, des femmes violées, des enfants tués.
Mais qu’on ne vienne pas nous faire gober que cette violence surgit du néant. Le Hamas est une monstruosité née dans la fosse putride où pourrissent les humiliations, les massacres, les expulsions, les blocus et la colonisation.
Et si ces fascistes religieux sont parvenus à exister, c’est aussi grâce à Israël, qui a longtemps fermé les yeux et laissé proliférer cette vermine comme repoussoir utile face aux organisations progressistes et laïques palestiniennes.
Le Hamas est une machine à broyer son propre peuple, et l’État israélien est une machine à broyer les peuples.
Deux monstres qui s’affrontent, deux faces d’une même pièce : celle de l’autorité, de la religion, du militarisme et du pouvoir.
Ceux qui meurent sous les bombes ne sont ni des soldats, ni des dirigeants, ni des oligarques.
Ce sont des enfants. Des civils. Des familles qu’on écrase en prétextant qu’elles servent de bouclier humain. L’armée israélienne, forte de ses drones et de ses missiles guidés, sait parfaitement où elle frappe. Elle sait qu’en rasant Gaza, elle prépare la prochaine génération de révoltés, de vengeurs, de kamikazes. Et c’est ce qu’elle cherche. Car ce conflit sans fin est sa raison d’être, sa justification, son moteur.
Et qu’on ne vienne pas nous parler de démocratie. Un État d’apartheid, qui prive une partie de sa population de droits, qui colonise des territoires et affame des enclaves sous blocus, n’est pas une démocratie. C’est un régime colonial militarisé, comme la France en Algérie, comme l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Et face à lui, le Hamas n’est pas la résistance. C’est un ramassis de fascistes religieux, de tortionnaires et de misogynes qui rêve d’une théocratie réactionnaire. Le peuple palestinien mérite mieux que ces bourreaux en keffieh. Les peuples n’ont besoin ni de Dieu, ni de maîtres, ni de martyrs.
Ces prises de position binaires sont une insulte à l’intelligence et à l’humanité

Mais le plus grotesque dans cette guerre des pouvoirs, c’est la posture pathétique de certains supporters à distance. Ici, en France et ailleurs, des prétendus gauchistes en viennent à défendre ou excuser les crimes d’un pouvoir religieux fasciste au seul motif qu’il se dit antisioniste.
Comme si la lutte des peuples pouvait passer par des fanatiques qui oppressent les femmes, massacrent les homosexuels et imposent leur loi religieuse à coups de kalachnikov.
De l’autre côté, des libéraux, des républicains et des droites soi-disant humanistes se drapent dans les grands mots de « démocratie » et « sécurité » pour soutenir sans broncher un État colonial qui rase des hôpitaux, bombarde des écoles et affame des civils sous prétexte de lutter contre le terrorisme.
Ces prises de position binaires sont une insulte à l’intelligence et à l’humanité. Refuser de choisir entre deux pouvoirs assassins n’est pas du relativisme, c’est un principe. C’est affirmer qu’on ne soutient ni les massacreurs en uniforme, ni les fanatiques en keffieh.
Notre camp, c’est celui des peuples contre tous leurs maîtres. C’est celui des insurgé·e·s sans drapeau, des objecteurs de conscience, des femmes en lutte contre la religion et l’armée, des enfants qui refusent de devenir soldats.
Les civils deviennent chair à canon, les enfants cibles...
Ce qu’on vit là-bas, c’est la mécanique éternelle du pouvoir : les États s’affrontent par populations interposées. Les civils deviennent chair à canon, les enfants cibles des drones, les ruines prétextes aux discours guerriers.
Chaque bombe larguée prépare la suivante, chaque enfant mutilé nourrit les prochains commandos. C’est une guerre qu’aucun camp ne veut vraiment finir.
Car ce conflit est rentable. Pour l’industrie de l’armement, pour les marchands de morts, pour les politiciens accrochés à leur siège.
Il permet de détourner la colère populaire, d’étouffer les révoltes sociales, de maintenir la peur et la haine comme moteurs de contrôle.
Alors oui, il faut en finir avec cette mascarade. Il ne s’agit pas de réclamer un cessez-le-feu ou des négociations sous l’égide de l’ONU (ce club de charognards impérialistes). Il faut souhaiter la chute des États, la dissolution des armées, l’abandon des frontières.
Israël doit disparaître en tant qu’État colonial et militaire. Le Hamas doit être renversé par son propre peuple. Et les peuples doivent reprendre la main.
Des anarchistes israéliens refusent de servir dans l’armée. Des militants palestiniens rejettent les logiques religieuses et patriarcales du Hamas. Ce sont eux, et les anonymes qui refusent de tuer, de violer, de se venger, qui tiennent la seule ligne valable. Celle de la désobéissance, de l’entraide, de l’action directe contre les puissants.
Nous n’avons rien à foutre de leurs drapeaux, de leurs hymnes, de leurs frontières. Ce monde n’appartient à aucun État, à aucune religion, à aucune armée. Il appartient à celles et ceux qui y vivent et veulent le rendre vivable.
Dans chaque enfant enterré sous les gravats de Gaza, dans chaque maison rasée, c’est l’échec de leur monde qu’on contemple. Leur société d’ordre, de loi, de nation et de guerre. Un monde où l’on naît pour être soldat, martyr ou victime.
Il est temps de foutre en l’air cette mécanique. De dénoncer non seulement les bombes mais le système qui les fabrique. De ne pas pleurer les morts pour mieux se préparer aux suivants, mais de refuser qu’il y en ait encore.
À bas les États, à bas les armées, à bas les religions d’État. Vive la solidarité des peuples sans maîtres et sans drapeaux.