Le Paradoxe de l’Électoralisme : Une Réflexion Anarchiste sur le Système Électoral

Une urne, avec comme texte élection piège à con
Un homme en uniforme, qui caresse la carte de France d'une mai et tient une matraque dans l'autre main. En commentaire "votez toujours je ferai le reste"

Une attitude paternaliste, une forme de mépris déguisé

L’électoralisme est un curieux phénomène qui soulève de nombreuses questions sur la nature de la démocratie moderne.

En 2005, les citoyens étaient appelés à se prononcer sur la question suivante : « Êtes-vous pour ou contre le traité établissant une constitution pour l’Europe ? »

Le résultat de ce référendum est bien connu : une majorité de votants a rejeté le traité.

Pourtant, ce que les électeurs ont rapidement découvert, c’est que leur avis n’avait que peu de poids face aux manœuvres des élus.

Les démocrates, avec l’aide de l’opposition, ont décidé que le vote n’était pas valide. En d’autres termes, la consultation citoyenne a été invalidée parce que, selon les autorités, les électeurs n’avaient pas compris ce pour quoi ils votaient. C’est un exemple flagrant de l’arrogance des élites politiques, qui considèrent souvent le peuple comme incapable de prendre des décisions éclairées.

 

Cette attitude paternaliste est une forme de mépris déguisé pour la capacité des citoyens à se gouverner eux-mêmes.

Les électeurs sont traités comme des enfants qui ont mal compris leur leçon, et il revient alors aux adultes, les élus, de corriger leurs erreurs.

Ce mépris de classe est profondément enraciné dans les structures mêmes de notre système politique, où le pouvoir est concentré entre les mains d’une élite qui se croit plus éclairée et plus compétente que le peuple.

En conséquence, le choix démocratique est souvent perçu comme une simple formalité, un exercice de légitimation plutôt qu’une véritable expression de la volonté populaire

Ils ne croient en la démocratie que lorsque celle-ci sert leurs intérêts..

Ce mépris pour l’intelligence et la volonté des électeurs ne se limite pas à des événements ponctuels comme le référendum de 2005.

Il se manifeste également lors des élections, où les électoralistes tentent de manipuler l’opinion publique et de contourner les résultats électoraux lorsque ceux-ci ne correspondent pas à leurs attentes.

Par exemple, il n’est pas rare d’entendre des politiciens et des commentateurs déclarer que si un certain candidat ou parti gagne, il sera nécessaire de désobéir aux décisions prises par ce futur gouvernement. Cette attitude est révélatrice d’une profonde contradiction au cœur de notre système politique : d’une part, on exhorte les citoyens à participer à l’élection et à remplir leur devoir de citoyen républicain ; d’autre part, on les incite à ignorer les résultats de cette même élection si ceux-ci ne sont pas conformes à leurs attentes.

Cette contradiction met en lumière le cynisme des élites politiques, qui ne croient en la démocratie que lorsque celle-ci sert leurs intérêts. Ils encouragent la participation électorale non pas pour donner une voix aux citoyens, mais pour légitimer leur propre pouvoir. Lorsque le vote produit un résultat qui ne leur convient pas, ils cherchent à le contourner ou à le neutraliser. C’est une preuve supplémentaire que, pour les élites, la démocratie n’est qu’un outil parmi d’autres pour maintenir leur domination sur le peuple.

 

Des élections qui n'ont souvent pour seul effet que de légitimer l'ordre établi ?

Face à cette hypocrisie, il est légitime de se demander pourquoi continuer à participer à un système électoral qui est fondamentalement biaisé et manipulé. Pourquoi jouer à ce jeu coûteux et souvent futile, alors que les dés sont pipés d’avance ?

L’idée de contester la légitimité de l’élection n’est pas choquante en soi ; elle est même une réaction naturelle à un système qui trahit constamment les attentes des citoyens.

Cependant, ce qui est plus difficile à comprendre, c’est pourquoi ceux qui nous exhortent à voter et à remplir notre devoir de citoyen sont les mêmes qui, en fonction du résultat, nous expliquent qu’il serait normal de désobéir aux décisions du gouvernement élu.

Ce paradoxe souligne l’absurdité d’un système qui, sous couvert de démocratie, perpétue l’injustice et l’aliénation. Plutôt que de jouer le jeu de l’électoralisme, il serait peut-être plus sensé de rejeter en bloc ce système et de chercher des formes alternatives d’organisation politique.

Après tout, pourquoi dépenser des sommes faramineuses pour organiser des élections qui n’ont souvent pour seul effet que de légitimer l’ordre établi ?

Pourquoi ne pas tout simplement passer outre cette étape coûteuse et inefficace et envisager des moyens d’organiser la société qui ne reposent pas sur des institutions élitistes et corrompues ?

Le rejet de l’électoralisme ne signifie pas l’abandon de la lutte pour la justice sociale et politique. Au contraire, il ouvre la voie à des formes de résistance plus authentiques et plus efficaces. Il s’agit de créer des espaces de liberté et de solidarité en dehors des structures de pouvoir existantes, de construire des réseaux d’entraide et de soutien mutuel qui permettent aux individus de se libérer des contraintes imposées par l’État et le capital.

En fin de compte, la véritable démocratie ne se trouve pas dans les urnes, mais dans les actions quotidiennes des personnes qui travaillent ensemble pour créer un monde plus juste et plus égalitaire.

La désobéissance civile, la solidarité, l’entraide et l’autogestion sont les piliers d’une société anarchiste où chacun peut vivre librement et dignement, sans être soumis aux diktats d’une élite déconnectée des réalités de la vie quotidienne. C’est dans cette vision d’un monde sans maîtres ni esclaves que réside l’espoir d’une véritable révolution sociale et politique.

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